Edouard et Dieu, 265, 285
265 : Mesdames et messieurs, ce furent des semaines de tourments ! Edouard avait une envie infernale d'Alice. Son corps l'excitait et ce corps était absolument inaccessible. Egalement tourmentant était le décor dans lequel avait lieu leurs rendez-vous : ils erraient une heure ou deux à travers les rues noires, ou bien ils allaient au cinéma ; la monotonie et les insignifiantes possibilités érotiques de ces deux variantes (il n'y en avait pas d'autres) incitaient Edouard à penser qu'il remporterait peut-être auprès d'Alice des succès plus marquants s'il pouvait la rencontrer dans un autre cadre.
285 :
- Non, dit Alice en hochant la tête.
- Si, fit Edouard.
- Non, répéta Alice et elle cria presque.
- Tout le monde m'a abandonné.
- Je ne t'abandonnerai jamais, dit Alice.
- Tu finiras par m'abandonner toi aussi, dit Edouard tristement.
- Jamais de la vie, dit Alice.
- Non, Alice, dit Edouard. Tu ne m'aimes pas, tu ne m'as jamais aimé.
- Ce n'est pas vrai, chuchota Alice et Edouard constata avec satisfaction qu'elle avait les yeux humides.
- Non Alice. Ces choses là se sentent. Tu as toujours été extrêmement froide avec moi. Une femme qui aime ne se conduit pas comme ça. Je le sais.